avril 25, 2280

La marche poussière II

Je fais un tour d'horizon rapide.
Le môme n'avait pas grand chose sur lui. Un peu de ferraille, un couteau ébréché, et un stimpack vide. 

En faisant le tour de la caravane, je m'aperçois que je ne suis pas le seul que ce chiard ai canardé pour détrousser quelques capsules ou se procurer un fix. Le cadavre d'un garde de la Crimson gît à l'intérieur de la vieille carlingue usée. Je lui fais les poches, mais évidemment, elles sont déjà vides.
Le pauvre type s'est retrouvé criblé de coups de poignards.
Pourtant, aucune trace d'un corps de marchand itinérant ou d'une brahmine de convoi. J'imagine que le garde s'est fait saigner, mais seulement après avoir donné le temps au reste du convoi de la Crimson Caravan de filer au pas de course.

Le soleil commence déjà à descendre vers l'ouest. Je ferai bien de me remettre en route si je veux arriver à Primm avant la nuit.
Dans l'obscurité du soir, les routes sont encore moins sûres que la journée, malgré le couvert de la pénombre. Certaines créatures rôdent dans le désert à la faveur de la lune, et je n'ai aucune envie de me trouver nez à nez avec une bestiole dont les mâchoires broieraient mes os sans peine.
C'est déjà bien assez le merdier comme ça en plein jour.

Je reprend la route, en hâtant le pas. Je ne compte plus faire de halte avant d'arriver à destination. Sous couvert de ma main pour voiler l'éclat du soleil, mes yeux scrutent inlassablement l'horizon, en quête d'une silhouette ou de quelque chose qui bougerait devant moi. Je me suis assez fait canardé pour aujourd'hui, et je ne compte pas me faire avoir par surprise une deuxième fois.

Je ne sais pas vraiment ce que je vais trouver à Primm. Il est fort possible que l'inconnu au costume et ses acolytes n'y aient même pas fait d'arrêt. Mais je préfère en avoir le cœur net, et m'assurer de ne pas perdre leur piste. Mes employeurs du Mojave Express seraient foutus de me coller des chasseurs de prime au cul, si ce jeton de casino n'est pas livré à l'endroit prévu. Et j'ai déjà assez d'emmerdes comme ça. Merci.

Le ciel vire au pourpre, et les nuages s'étiolent à la faveur de rafales de vent qui se font plus fortes. Mon visage est agressé par le sable et la poussière charriés par les courants d'air.
Parfois, je sens
dans les extrémités de mes mains et mes jambes, le picotement agaçant et caractéristique d'une zone nettement plus irradiée. Je ne veux pas perdre de temps à faire de détour cependant, et accélère le pas, en traversant ces passages hautement radioactifs.

Mon corps a déjà été altéré dans le passé, par ces émanations. Vestiges mortels d'une guerre lointaine et dont les dégâts furent sans précédant.
Enfant, ma pilosité à perdu sa couleur et est devenue d'un blanc laiteux, tout comme mes pupilles. La mélanine à complètement disparue de mes yeux autrefois bruns, et j'ai perdu par la même occasion mon acuité visuelle en plein jour.
Étrangement, elle s'amplifie à la faveur de la nuit, lorsqu'un éclairage faible est présent, comme la lune ou les étoiles. Cette nyctalopie n'a évidemment aucun effet dans le noir total. C'est con d'ailleurs. Ça aurait pu être pratique.

La nuit est désormais tombée, mais j'aperçois enfin les lumières de Primm et les courbes fantomatiques de ses montagnes russes délabrées. 
Je me dirige résolument vers cet endroit habité, ma soif de vengeance grandissant au creux du ventre.

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